La modernité sur les rails dans les Maîtres de l'Affiche.

L’année 1837 voit une petite révolution faire son chemin en France grâce à Emile et Isaac Pereire (1800-1875 / 1806-1880) entrepreneurs et hommes d’affaires français. En effet ils permettent l’ouverture de la ligne Paris - Saint-Germain-en-Laye est ouverte et, avec elle, la toute première ligne française entièrement dédiée au transport de voyageur
Avant cette date, le rail, qui existe déjà depuis 1802, puis la machine à vapeur, sont vus surtout comme les outils de l’industrialisation de l'Europe occidentale. Des voies et des gares sont d’abord construites autour des hauts lieux de l’industrie sidérurgiques et empruntent tout les chemins pouvant accélérer le commerce de marchandise et de matières premières. 
    
L'Auvergne.
    
CHERET Jules
L'Auvergne. 1892-1899.
     
L’intérêt évident du chemin de fer en fit vite l’élément essentiel de l’urbanisation en cours au XIXème siècle et l’on conçoit alors de nouvelles lignes, de nouvelles gares, qui toutes bouleversent le schéma des villes et des villages desservis. Grâce à un plan de développement en étoile conçus dès le début du siècle par Alexis Legrand (1791 - 1848), toutes ces nouvelles lignes se rejoignent à Paris où les différentes compagnies ferroviaires qui émergent se vouent alors une lutte sans merci pour le contrôle des transport de la capitale. La prospérité nouvelle et fulgurante de ces dernières s’affichent bien vite sur les façades des gares qui deviennent les vitrines de la modernité. Les stations de la capitale ne sont plus de simples espaces de transit mais des palais, immense bâtiments à frontons et colonnes sous les arcades desquels l’ont peu flâner, faire les boutiques ou lire le journal au café. Tout est bon pour attiré plus de voyageurs que son concurrent, comme le montre la dernière nouveauté installée à la toute neuve gare du nord : des toilettes à chasse d’eau.
Le réseau en plein développement transforme le paysage et permet bientôt aux parisiens de s’adonner à l’un des loisirs favoris des citadins d’alors : la promenade à la campagne. Avec une rapidité jamais égalé auparavant, vous pouvez vous rendre à Versailles, en Normandie ou même à la montagne. Bien vite, l’on s’arrache les billets de trains et cette technologie encore nouvelle rentre peu à peu dans les mœurs de tous à chacun.
     
   
   
GRÜN Jules
Paris-Londres. 1900.
   
Bien sûr, qui dit nouvelle économie dit également réclame! Des publicités ventant les mérites de la Compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest, ou bien de P.M.L. florissent sur les murs. Chacune met en avant la facilité avec laquelle la bourgeoisie et la classe moyenne qui émerge peuvent accéder à des paysages nouveaux et dépaysants. Le chemin de fer devient alors le convoyeur du plaisir des citadins fuyant les rues bondés des villes. Ainsi naquirent les affiches que nous vous présentons, parcourues par des jeunes femmes et des familles en habit du dimanche, prêtes à la rapidité des loisirs modernes.
    

MEUNIER Georges
Excursion en Normandie et Bretagne. 1896.