Les Maîtres de l'Affiche.
Le dix-neuvième marque un tournant crucial dans les pays occidentaux et nous ne pouvons que nous en souvenir comme un siècle de petites et de grandes innovations. L’inarrêtable industrialisation, l’urbanisation des pays européens et le développement de nouveaux moyens de production mènera, comme nous le savons, à la mise en place d’une société de consommation. Mais tous ses nouveaux produits, tous ses nouveaux magasins se font concurrence dans les villes qui ne cessent de grandir. Pour sortir du lot dans la cacophonie de nouveautés du Grand Siècle, voici que se développe un produit encore peu utilisé : les affiches publicitaires illustrées.
[Alfons Mucha, Papier à Cigarette Job, 1889-1900.
Lithographie imprimée en couleurs sur papier vélin.
Planche n°202 du cinquième volume annuel (1900) des Maîtres de l'affiche.]
L’explosion de cette pratique sera aidée par plusieurs facteurs, notamment par l’amélioration du rendement des moyens d’impressions, mais également par des outils législatifs comme la loi de Juillet 1881 qui proclame la liberté d’Affichage sur tout le territoire français.
La décennie 1880 sera l’ère de l’affiche et chaque produit, chaque commerce, chaque spectacle à la sienne. Les rues des grandes villes comme celles des bourgs voient se succéder les images sur leurs murs et certains les remarquent vite pour leur intérêt esthétique.
La décennie 1880 sera l’ère de l’affiche et chaque produit, chaque commerce, chaque spectacle à la sienne. Les rues des grandes villes comme celles des bourgs voient se succéder les images sur leurs murs et certains les remarquent vite pour leur intérêt esthétique.
D’abord conçues comme des objets éphémères, utilitaires, les affiches créeront bientôt l’engouement au sein d’un cercle d’amateurs qui ne cessent de s’élargir. L’affiche est vue, débattue, et critiquée. L’on doit notamment à Ernest Maindron le 1er article ainsi que le premier ouvrage sur le sujet. L’un des tournant majeurs de la technique aura lieu en 1889, lorsque l’affiche est enfin exposée. C’est en effet lors de l’Exposition Universelle de Paris qu’aura lieu la première rétrospective de l’affiche française, dénotant l’intérêt de plus en plus vaste suscité par la pratique, point d’orgue des expositions qui ne cessent de se succéder.
Si les amateurs étaient dans un premier temps dispersés, voici que se structure vite un véritable marché : on spécule, on achète, on expose et l’on collectionne. Des tirages réduits sont réalisés, les premiers marchands spécialisés ont pignon sur rue, des revues discourent sans distinction d’estampes d’art et d’affiche.
Car en effet, les affichistes prennent peu à peu l’identité d’artistes, et les artistes viennent peu à peu à l’affiche. La fin du siècle semble un âge d’or pour le domaine et, en 1891, l’homme de lettres, bibliophile, éditeur et journaliste Octave Uzanne donne un nom à la tendance : l’affichomanie.
Reflets des dernières trouvailles artistiques, vitrine pour l’Art Nouveau, les frontières se brouillent entre affichistes et artistes. Ainsi, Béraldi, historien de l’estampe contemporaine, consacre dans le quatrième tome des Graveurs du XIXe siècle un long chapitre à Jules Chéret, affichiste prolifique.
Ce même Chéret, alors directeur artistique de l’imprimeur parisien Chaix, lance l’idée d’une publication en livraison qui mettrait en lumière les plus belles productions de la discipline.
Ce même Chéret, alors directeur artistique de l’imprimeur parisien Chaix, lance l’idée d’une publication en livraison qui mettrait en lumière les plus belles productions de la discipline.
Succès immédiat de librairie, Les Maîtres de l’Affiche, créé en 1896 par Chaix et Roger Marx, sera également édité en ouvrage annuels qui couvriront les 5 années de publication, de 1896 à 1900.
Ce sont ces 5 ouvrages dont vous verrez les planches dans notre galerie. Magnifiques compositions, ces estampes sont également un reflet des bouleversements culturels, créatifs et commerciaux de leur temps.