Épreuve bien contrastée sur chine appliqué sur
vélin, de l’état unique, signée, située et datée dans la planche. Van Gelder mentionne 7 épreuves connues. Grandes marges (bord droit irrégulièrement coupé).

Deux armées médiévales s’affrontent sous un ciel tourmenté. Derrière cette mêlée lilliputienne, où s’enchevêtrent cavaliers et fantassins, l'oeil distingue les remparts crénelés d’une ville, sans doute orientale : assiste-t-on à la prise de la cité par les croisés ? C’est en tout cas ce que suggère le titre donné à cette estampe, Bataille d’Ascalon, lors du salon annuel de la Société des Amis des Arts à Bordeaux, en 1866. Ville côtière située au sud de Tel-Aviv, dans l’actuel État d'Israël, Ascalon connut en effet deux sièges importants : prise une première fois en 1099 par les troupes de Godefroy de Bouillon, la ville retomba aux mains des francs en 1153, lors du siège mené par Baudouin III, roi de Jérusalem. Ce titre pourrait également faire référence à un épisode biblique : Ascalon apparaît à plusieurs reprises dans l’Ancien Testament, en toile de fond de conflits opposant les hébreux aux philistins. Même si, comme le souligne Van Gelder, « nous ignorons si cette appellation est de Bresdin même », elle fait parfaitement écho à la fascination de l’artiste pour l’Orient, l’histoire antique et médiévale, qui forment le cadre privilégié de ses scènes de batailles (La défaite des Cimbres ; Bataille antique au pied d’une ville fortifiée ; L’armée romaine…). Bresdin transmit à son élève, Odilon Redon, le goût des lointains rêvés : Bataille dans une plaine rocheuse inspira à Redon une de ses premières eaux-fortes (Bataille, vers 1865).