Rare épreuve d'essai avant toute lettre, sur papier vergé filigrané (croix, IHS & cœur dans un cercle et lettres "bergers").

Revêtue au verso de la marque de collection de Gabriel Cognacq (Paris 1880-id. 1951), directeur des Grands Magasins de la Samaritaine, Paris (Lugt 538d).

Marges du cuivre.

Epreuves connues:

-Musée Carnavalet, épreuve toute lettre en coloris ancien (inv.G.26182).

-British Museum, épreuve toute lettre en coloris ancien (inv.1861,1012.157).

Belle et rare caricature qui représente des sans-culottes faisant perdre l’équilibre au Roi George et à sa famille. Au bord de la mer, le léopard anglais ("L'Angleterre") se dresse sur une plate-forme qui repose sur un tas de fûts et de ballots. Sur son dos est assise la famille royale. Le nez de l'animal est tenu par Pitt (1759-1806), qui se tient à gauche sur de hautes échasses et dans sa main gauche étend horizontalement un long sceptre. Pitt, le léopard et ses cavaliers sont burlesques ; la queue de l'animal s'étend jusqu'à la marge du dessin et neuf membres de la famille s'y appuient. Pitt est très maigre ; ses cheveux se dressent sur sa tête de terreur. « George » est assis à côté du cou de l'animal, portant des bottes d'équitation éperonnées et une couronne qui tombe de sa tête; il brandit un bâton avec la tête, le bonnet et les grelots d'un sot, tournant la tête de profil avec une expression mélancolique. A ses côtés sont assis sa femme Charlotte, Yorck, la femme d’Yorck, le Prince de Galle coiffé d’un grand chapeau ; les neuf autres sur la queue du léopard sont appelés « les Enfants de George » (bien que l’âge et le sexe des princes et des princesses ne correspondent pas) et ont tous de longues oreilles d’âne.
Au sol, à gauche et à droite, deux Français musclés, chacun nommé 'Sans-culotte Français', non caricaturé, mais portant des sabots, un bonnet-rouge, et ayant les cuisses nues des sans-culottes en caricature anglaise. Deux autres sans-culottes à mi-distance s'approchent de la mer, l'un portant un ballot, l'autre roulant un tonneau. Un bateau attend pour acheminer la marchandise vers un navire toutes voiles dehors : « Vaisseau de la République Française ». Cette représentation de « la puissance britannique comme une structure ridicule sur le point de s’effondrer » était une véritable arme de propagande contre les Britanniques ; le Comité de salut public acheta 1 200 tirages de cette estampe à Chaudet le 27 mars 1794.