Épreuve sur vélin. Épinglée dans l’angle inférieur gauche, la note suivante, écrite à l’encre brune : « Cette Épreuve qui représente / l’enlèvement d’Europe est tirée d’après
/ une pierre qui a été dessinée par / Mr Girodet lui-même. / cette épreuve m’a été donnée / par Mr Panetier qui
possède cette / pierre de son ami Mr Girodet / cette épreuve m’a été remise le / 8 ou le 10 janvier 1852. »

Girodet exécuta vraisemblablement ses premières lithographies en 1816. Son intérêt pour cette technique nouvelle ne se démentira plus jusqu’à sa mort : le peintre y vit en effet un moyen de reproduire et diffuser ses tableaux, aidé en cela par ses élèves. Le musée Girodet, à Montargis, conserve ainsi une petite huile sur toile de l’artiste, sans doute préparatoire, de la même composition que notre lithographie [voir la reproduction].

Laissée inachevée comme le tableau qu’elle était sensée reproduire, cette dernière constitue probablement un premier jet, interrompu par la mort de l’artiste. Nulle part il n’est fait mention de cette estampe, à l’exception toutefois de quelques lignes anonymes, parues dans un numéro de L'Intermédiaire des chercheurs et curieux en 1883, faisant explicitement référence à notre épreuve :

« J’ai trouvé, il y a quelques années, dans les cartables d’un bric, une lithographie représentant l’enlèvement d’Europe, fort gentiment dessiné au trait dans la manière du peintre (je veux dire de l’école de David et de Prud’hon). À cette épreuve est piquée une petite note manuscrite non signée dont voici la teneur : cette épreuve est tirée d’après une pierre qui a été dessinée par M. Girodet lui-même. Elle m’a été donnée par M. Panetier qui possède cette pierre de son ami Girodet».

Antoine Claude Pannetier (1772 † 1859), cité dans la note manuscrite, fut l’un des plus proches disciples de Girodet. Il s’occupa notamment d’éditer, après la mort de son maître, les 13 livraisons de l’Énéide (Paris, Constans, 1826-1827), dessinée par le peintre et lithographiée par ses meilleurs élèves. La facture de notre épreuve se rapproche, par son épure toute flaxmanienne, des compositions réalisées par Girodet pour l’Énéide et pour l’Anacréon.