Belle épreuve du IIème état sur II, publiée par Andrea Andreani en 1608 (Monogramme de l'éditeur "AA in Mantova 1608" en bas à droite dans la composition"), sur papier vergé filigrané (Coeur).

Très belle impression.

« Etant l’une des cinq œuvres signées de Vicentino, Le Christ guérissant les lépreux est important pour définir les caractéristiques des méthodes de production et des matériaux qu’utilisait son atelier. Cette estampe en trois planches est typique de sa manière efficace de traduire les dessins à la plume et au lavis avec rehauts de blanc, en l’occurrence un modello de taille comparable de Parmigianino. […] Vicentino a traduit plus de dessins de Parmigianino que de tout autre artiste, et l’hypothèse a été émise que l’atelier du graveur avait eu accès à une importante cache de ces dessins grâce à Antonio da Trento, qui, selon Vasari, les aurait volés au peintre quand il était à son service à Bologne » (Gravure en clair-obscur, Séverine Lepape, Le Louvre éditions, 2019)

Giuseppe Niccolo Vicentino, dont on connaît peu de choses à ce jour, a souvent travaillé à partir de dessins de différents auteurs et a dirigé l’atelier de clair-obscur le plus prolifique du XVIème siècle. Ses matrices ont été acquises et réutilisées ultérieurement entre-autres par Andrea Andreani (Mantoue c.1558-1559†1629) qui modifia le monogramme de l’artiste par le sien, une double lettre A.

Andrea Andreani a gravé lui-même plusieurs pièces en clair-obscur qui est apparue comme une autre possibilité permettant d’explorer la monochromie et les rapports entre ombre et lumière lors d’une période où le noir et le blanc étaient devenus la norme pour les graveurs en taille-douce. Après 1600, le rôle d’Andreani changea complètement et il ne figura plus que comme un simple marchand qui récupéra à son profit les travaux des autres artistes tels Ugo da Carpi, Antonio da Trento, Vicentino… Il les réimprima pour son compte, avec son monogramme (ce qui fut longtemps décrié par les historiens d’art). Le nombre des planches que nous connaissons réimprimées par lui et avec son monogramme, qui en ce cas ne fait qu’attester sa propriété, se monte à 30 environ, dont 16 avec une date et toutes furent publiées à Mantoue de 1602 à 1610.