Les Arbres dans la montagne. 1856.

COROT Camille

Les Arbres dans la montagne. 1856.

Description de l'oeuvre

COROT Camille
Paris 1796 † 1875
Plaque de cliché-verre gravée à la pointe.
187 x 152 mm (sujet). 200 x 165 mm (plaque).
Robaut n°3181, Delteil-Melot n°60.

Provenance :

Marché parisien

Collection Maurice Le Garrec

Collection Albert Bouasse-Lebel, vers 1911

Collection Adalbert Cuvelier, puis à son neveu


S’il est un artiste auquel la technique du cliché-verre doit ses lettres de noblesse, c’est Camille Corot. De ceux peu nombreux qui la pratiquèrent, nul n’en a le plus exploré les ressources expressives. Initié en 1853 par Constant Dutilleux et son cercle d’Arras, l’intérêt de l’artiste pour ce procédé hybride, situé à mi-chemin entre l’estampe et la photographie, ne s’est jamais démenti. Au nombre de soixante-six, les clichés-verres forment la part la plus importante de son œuvre gravé, et la plus moderne de son œuvre graphique.

On sait l’aversion profonde de Corot pour les « cuisines » compliquées des graveurs et imprimeurs. La complicité d’Adalbert Cuvelier, Louis Grandguillaume et Charles Desavary, qui préparent ses verres et développent ses épreuves, n’est sans doute pas étrangère à l’engouement du peintre pour le cliché-verre. Dégagé de toute contrainte logistique et technique, Corot a pu, d’emblée, livrer des paysages d’une extraordinaire liberté de plume.

Les Arbres dans la montagne, dessiné sur le motif, en est un exemple brillant : la gestuelle y est souple, le trait fouillé et nerveux, proche du griffonnage. La fougue de la composition témoigne du plaisir et de l’aisance avec lesquels Corot laisse courir sa pointe sur la surface noircie du collodion. Le cliché-verre autorise le lâcher-prise. Il ouvre un espace d’expérimentation. Alfred Robaut, biographe de Corot, décrit les instruments improvisés de l’artiste : « les plumes et les crayons allaient leur train et aussi les aiguilles fixées dans un bouchon […] C’est en général avec ces outils-là que Corot entamait la fine couche de collodion des plaques photographiques »

Dans d’autres œuvres, Corot use également avec bonheur du tamponnage et des empâtements, créant par ces moyens plus picturaux des contre-jours puissamment dramatiques (Souvenir des fortifications d’Arras, 1854 ; Le Songeur, 1854).

Ses travaux vigoureux à la pointe pure ne sont pas moins suggestifs : on y devine le souffle du vent, le frisson des feuilles tremblantes, la fraîcheur profonde des sous-bois touffus. La poésie brute de ces paysages plénairistes avoisine l'abstraction, en particulier dans les ultimes clichés-verre de l’artiste (Le Rêveur sous les grands arbres, 1874).

Notre plaque de cliché-verre est demeurée intacte depuis l'époque de Corot, et rien n'est venu entamer le fragile motif tracé à la hâte dans le collodion - comme le prouve sa parfaite similitude avec les tirages. La chose mérite d'être dite, car sur les soixante plaques de verres gravées par Corot, au moins 9 ont été détruites[3], et quelques autres irrémédiablement fêlées. Elle est par ailleurs un objet d’une singulière beauté, dont la transparence offre le témoignage direct et poignant du travail de l'artiste.

Au sujet de ces « gravures diaphanes » - comme on les a parfois nommées - Claude Bouret écrit ainsi : « La vitre, objet unique, est encore plus émouvante que l’épreuve. Il est fascinant de contempler par transparence les lignes lumineuses que la main même de Corot arrache à la nuit du négatif».

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Cat 36 n°19