[Femme nue accroupie à sa toilette].

MAURIN Charles

[Femme nue accroupie à sa toilette].

Description de l'oeuvre

MAURIN Charles
Puy-en-Velay 1856 † 1914 Grasse
Eau-forte et aquatinte originale en couleurs.
240 x 198 [412 x 352]mm.
Deux petits trous de repérage. Quelques rousseurs marginales. Bandes de kraft gommé au dos.
Roger Gounot, Charles Maurin (1856-1914), essai sur le peintre et catalogue de l’exposition de 1978, Le Puy, Musée Crozatier du Puy, 1978.

Très belle épreuve sur vergé imprimée à la poupée, signée dans la planche et annotée au crayon en pied par l’artiste : « Mon épreuve est un monotype tiré sur / la planche et je ne pourrai moi-même / vous en tirer dix pareilles. Tiré de cette façon/ Delâtre pourra vous faire un tirage ». Grandes marges.

Charles Maurin compte parmi les plus fervents promoteurs de la gravure en couleurs de la fin du XIXe siècle. Monté à Paris à l’âge de 19 ans, il délaisse rapidement l’École des Beaux-Arts pour les bancs de l’Académie Julian. En 1885, devenu professeur dans cette même académie, il a notamment pour élèves Vallotton, avec qui il entame une solide amitié, et Toulouse-Lautrec, qu’il initie à la pointe-sèche et dont il grave un saisissant portrait, en 1898.

Dès le début des années 1880, Maurin expose au Salon des Artistes français, ainsi qu’au Salon des Indépendants, plus ouvert aux mouvements d’avant-garde et à l’estampe en couleurs (cette dernière est proscrite du Salon des Artistes français de 1891 à 1898, au grand dam de notre artiste).

Maurin, dont l’œuvre gravé comprend environ deux-cents estampes, est un technicien infatigable et novateur. Se perfectionnant auprès de l’imprimeur Delâtre, il met au point un procédé de gravure au sucre et dépose, en 1891, un brevet d’invention pour une technique d’impression lithographique en couleurs. Sa maîtrise hors-pair de l’aquatinte et de l’encrage à la poupée lui permet d’atteindre, dans ses gravures de nus, une rare densité chromatique et des effets de matières quasi picturaux, très goûtés des amateurs.

La qualité charnelle de ses estampes retient l’attention d’Ambroise Vollard, Edmond Sagot et Gustave Pellet, qui l’exposent et l’éditent tour à tour au milieu des années 1890. Pellet publie entre autres L’Éducation sentimentale (1896), un recueil de 8 planches qui obtient un certain succès auprès du grand public. La reconnaissance de son œuvre, toutefois, émane surtout des milieux artistiques. Maurin suscite notamment l’admiration de Degas. Ce dernier vante ses œuvres auprès de Rodin, et déclare sans ambages à ses proches : « Pour moi deux peintres comptent, uniquement Ingres, Maurin . »

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CAT XXX n°156