Les Pèlerins d'Emmaüs, 1654
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REMBRANDT Harmenszoon van Rijn

Les Pèlerins d'Emmaüs, 1654

Description de l'oeuvre

REMBRANDT Harmenszoon van Rijn
Leyde 1606 † Amsterdam 1669
Eau-forte et pointe sèche originale.
214 x 162 mm.
Feuille coupée au ras de la marque du cuivre. Deux légères traces brunes le long du bord supérieur, provoquées par les restes d'un ancien montage au verso. Légères traces de plis obliques dans l'angle inférieur droit.
Bartsch n°87, New Hollstein n°283 IV/V

Épreuve sur vergé mince du 4e état sur 5, avant les retouches de l'atelier H.-L. Basan.

Signée et datée à la pointe dans la planche.

Filigrane : Grappe de raisin (Ash & Fletcher Grapes E.A).

Tirage P.-F. Basan, vers 1789-1797

Cette planche illustre un célèbre épisode de l’Évangile selon Luc. Ressuscité des morts, Jésus rencontre sur le chemin d’Emmaüs deux apôtres, qui ne le reconnaissent point. Le soir, arrivés à une auberge, les disciples l’invitent à partager leur repas : « Pendant qu'il était à table avec eux, il prit le pain ; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna. Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent ; mais il disparut de devant eux. » (Luc, XXIV, 30-31)

Ce thème bénéficie depuis le XVIe siècle d’une riche tradition figurée. Comme Titien, Caravage ou Rubens avant lui, Rembrandt choisit d’en représenter l’acmé : le moment où, ayant rompu le pain, Jésus est reconnu par ses disciples et leur devient invisible. Pour Rembrandt, le langage de l’ombre et de la lumière est le seul à même de traduire le mystère des évangiles : ménageant des réserves au centre de sa composition, il joue de la blancheur du papier pour auréoler le Christ d’un jour surnaturel. Irradiant de lumière, le visage du ressuscité semble se dérober, se dématérialiser. Une légère indécision de dessin, particulièrement visible dans le premier état à l’eau-forte pure de cette planche, accroît l’énigme de cette figure, dont les traits divins demeurent insaisissables aux hommes.

C’est la seconde fois depuis 1634 que Rembrandt traduit dans le cuivre ce thème, qu’il a également peint à deux reprises, en 1629 et 1648. Jamais cependant il n’avait encore donné au Christ une telle stature, une telle gravité. Rembrandt s’inspira vraisemblablement de la Dernière Cène de Léonard de Vinci, qu’il connaissait par la copie gravée de Paulus Pontius. Il en retint la position centrale du Christ, dont le buste, formant une pyramide, évoque le triangle de la Trinité. Ainsi stabilisée, la composition, très classique, diffère fondamentalement de la première version de ce sujet, gravée par Rembrandt vingt ans plus tôt, sur une plaque de plus petit format : la figure énergique du Christ de 1634, s’apprêtant à couper le pain d’un geste théâtral encore marqué par l’art de Rubens, a laissé place au visage solennel d’un homme rayonnant de sérénité retrouvée. Les tailles minutieuses de l’eau-forte de jeunesse ont également disparu au profit d’un dessin large, aux lignes franches et ouvertes, qui caractérisent les planches de maturité de l’artiste : « ce morceau est gravé d’un ton dur & à grosses tailles », relevait Gersaint dans le premier catalogue de l’œuvre gravé du maître (1751). Rembrandt supprime les détails superflus, résumant le décor à un simple dais, hachuré de tailles libres et rapides. Dépourvue d’anecdote, sa composition gagne en force, et la figure du Christ en monumentalité.

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Catalogue Rembrandt n°82