[La Crucifixion].

[La Crucifixion].

Description de l'oeuvre

Galvanoplastie réalisée à partir de la face recto du Bois Protat.
520 x 230 mm [662 x 554 mm]. La feuille de notre épreuve est sensiblement plus grande que celle de l’exemplaire de la BnF [580 x 435 mm].
Petits accidents et traces d’humidité le long du bord droit.

Entre 1370 et 1420. Allemagne du Sud [?], France [?].

Épreuve sur vergé crème mécanique.

Tirage effectué par l’imprimerie Protat, à Mâcon, vers 1900.

Toutes marges non ébarbées.

Une seule autre épreuve similaire connue (Paris, BnF, RÉSERVE EA-17 (1)-FOL).

Œuvre absente des grands musées internationaux.

Provenance : Collection parisienne / Imprimerie Protat, Mâcon

Le Bois Protat est le plus ancien bois gravé occidental connu. Cette matrice en noyer découverte en Bourgogne à la toute fin du XIXe siècle doit son nom à Jules Protat (1852 † 1906), imprimeur et collectionneur mâconnais qui en fit l’acquisition vers 1900, et en réalisa, en vue de l’Exposition universelle, un tout premier tirage par galvanoplastie, dont est issue notre épreuve.

Matrice du Bois Protat : origine, datation Conscient de l’ancienneté de sa matrice, Jules Protat en confia l’étude à Henri Bouchot (1849 † 1906). Le conservateur de la Bibliothèque nationale livra ses conclusions dans un ouvrage fouillé, publié en 1902 : sur la base de considérations stylistiques et en se fondant sur le lieu de la découverte, voisin de l’abbaye cistercienne de la Ferté, Bouchot data le bois des années 1370-1380 et estima que sa production était vraisemblablement bourguignonne. Il assignait, par la même, une origine française plutôt que germanique à l’invention de l’estampe.

Les spécialistes ont souligné, depuis, le biais nationaliste de cette thèse. Rappelant l’importance de la circulation des modèles dans l’Europe du tournant du XVe siècle, Séverine Lepape, dans une récente étude, tempère ainsi : “Le Bois Protat donne […] le sentiment d’un assemblage hétéroclite de sources différentes, relevant à la fois de la France et de l’Allemagne du Sud. Il serait assez logique que cette aire géographique caractérisée par une production de gravures dans les années 1400-1420 soit le lieu d’exécution de la matrice alors qu’on ne connaît rien de gravé en France dans cette période. […] L’œuvre pourrait avoir été gravée à partir d’une composition française des années 1380 en Allemagne du Sud […], entre 1400 et 1410 .”

De même que son origine géographique, la question de la destination première du Bois demeure ouverte : celuici servait-il à l’impression d’étoffes, comme le suggérait Bouchot ? Sans être totalement écartée, cette hypothèse, fondée sur la taille supposément trop grande de la matrice, est remise en cause par notre connaissance actuelle des papiers médiévaux.

Tirage galvanoplastique du Bois Protat : En l’absence d’épreuves anciennes, le tirage galvanoplastique de l’imprimerie Protat constitue un document précieux, indispensable à l’étude des origines de l’estampe. Celui-ci ne fut pas obtenu sans difficultés, en raison de l’extrême fragilité de la matrice. Dans une communication donnée au Congrès international d’histoire comparée de 1900, Jules Protat détaille la méthode particulière dont il usa pour imprimer la première épreuve du Bois, qui servit au report préalable du motif sur métal : “[L]’Exposition universelle allait s’ouvrir : je fus convié à participer à l’exposition rétrospective de la typographie, et j’envoyai au comité d’organisation […] une bonne épreuve de la planche de La Ferté. Le tirage de cette épreuve fut une opération assez délicate ; il ne fallait pas songer à mettre le bois sous presse, certaines parties de sa surface ne pouvant supporter la moindre pression. Les reliefs de la planche reçurent une application d’encre lithographique à report, cet encrage fut exécuté uniquement à l’aide du doigt et avec d’infinies précautions ; puis une feuille de papier de Chine encollé et légèrement humide fut appliquée sur la surface fraîchement encrée ; une très légère friction de la main fit adhérer le papier et quelques instants après nous eûmes une excellente épreuve à report qui nous permit d’obtenir ensuite un cliché typographique en métal, reproduisant, avec la plus parfaite fidélité tous les moindres détails de l’original. C’est sur ce cliché que l’on put alors sans danger exécuter un tirage normal .” Jules Protat ne précise pas le nombre d’épreuves obtenues à partir du report initial du Bois (et nous ignorons également ce qu’il est advenu de cette première - et semble-t-il unique - impression directe). Quant à Bouchot, il rapporte, sans plus détails, que l’opération permit de fournir “de suffisants exemplaires ”. Signalons également qu’un second tirage fut exécuté sur les presses de l’imprimerie Protat pour le numéro du 15 novembre 1930 de la luxueuse revue des Arts et métiers graphiques6. (Celui-ci se signale entre autres par un papier filigrané “vergé hollande” en caractères gothiques, et par le fait que la feuille est pliée en quatre). Les impressions effectuées en 1900 paraissent aujourd’hui extrêmement rares : à l’exception de la BnF, à qui la famille Protat fit don, en 2001, du bois original et d’une galvanoplastie, aucune collection publique, à notre connaissance, n’en conserve d’autres épreuves.

 

 

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CAT XXXII n°1