Gravure d'après Raffaello SANTI, dit RAPHAËL, et/ou son atelier, et d'après Luca PENNI [?].

Belle et rare épreuve sur vergé, imprimée en noir, et deux tons d'ocre-brun, les lumières laissées en réserves.

Sans l'inscription du monogramme « NDB » et de la date « 1544 » en bas à droite (cette partie étant coupée). Signée en bas au centre, dans le sujet : « RAPH. VRB. INVEN. »

Annotée au crayon, en bas à gauche : « N° 114 ».

Les impressions en tons d'ocre-brun sont rares. Nous n'avons trouvé, lors de nos recherches, que trois épreuves similaires à la nôtre : Ashmolean Museum (inv. WA1863.549) ; British Museum (inv. W,4.7) ; The Royal Collection Trust (inv. RCIN 853226) (cette épreuve fort abîmée).
Les autres épreuves en couleurs connues de ce sujet sont imprimées en tons de vert : BnF (inv. Document réserve EA-26 (6) - Boîte fol), Metropolitan Museum of Art (inv.17.50.7), Ashmolean Museum (inv.WA1863.5497).

On sait fort peu de choses du « Maître ND », également connu dans la littérature sous le nom de « monogrammiste NDB ». Ses œuvres sont rares : seules 10 gravures sur bois, toutes imprimées en clair-obscur, lui sont attribuées à ce jour. Des recherches menées depuis les années 1970 suggèrent qu'il fut formé en Italie, sans doute à Bologne, avant de venir travailler à Fontainebleau, possiblement aux côtés de Luca Penni, un disciple de Raphaël qui diffusa les modèles du maître à la cour de France, par le biais de nombreux dessins destinés à être gravés.

La moitié des planches connues du Maître ND reprend des compositions de Raphaël ou, plus vraisemblablement, de son atelier. Notre gravure, très maniériste, s'inspire de trois tapisseries de la série de la Vie du Christ (aujourd'hui conservée au Vatican). Fidèle aux modèles tissés dans la distribution complexe des personnages, elle s'en distingue par le paysage de ruines, à l'arrière-plan.

Catherine Jenkins, spécialiste du sujet, en attribue l'invention à Luca Penni lui-même, et avance l'hypothèse d'une collaboration entre notre artiste et le maître florentin :
« On peut penser que Penni a fourni le dessin qui a servi de modèle au maître ND, et qu'il l'a aussi aidé en dessinant directement sur les planches. La distribution très soignée de la composition sur les différentes matrices de bois indique qu'un dessinateur expérimenté comme Penni a pu participer à la création de cette gravure sophistiquée ».