Rare épreuve sur papier vélin, avec l'adresse "A Paris chez l'Auteur, rue de Lancry n°7 et chez Aumont, Md d'estampes, J.J Rousseau, n°10".
Bonnes marges.
Le tableau original de François-Joseph Heim est aujourd’hui conservé au Musée du Louvre (inv. n°INV 5313).
« A la mort de Louis XVIII le 16 septembre 1824, son frère, le comte d’Artois, accède au trône sous le nom de Charles X. N’ayant renoncé à aucune des traditions monarchiques de l’Ancien Régime, il se fait sacrer à Reims en 1825.
Lors de sa visite au Salon de 1824, Charles X souligne l’importance qu’il entend donner aux beaux-arts car « en se distinguant dans leur art [les artistes] servaient l’Etat et leur souverain ». S’il perpétue la tradition royale, Charles X prolonge également la politique de Napoléon en procédant comme lui la distribution de médailles et de décorations. Ce jour-là, la Légion d’honneur est décernée à François-Joseph Heim, qui reçoit la commande de ce tableau qui devait immortaliser la cérémonie. Il s’agit d’une composition de type panoramique donnant à voir de nombreux tableau exposés. Selon l’usage, les toiles sont accrochées côte à côte, dans le Salon carré comme dans la Grande Galerie sur laquelle ouvre la porte de droite. On peut reconnaître certaines œuvres : Le Vœu de Louis XIII d’Ingres, le portrait de Charles X par Gros, la Jeanne d’Arc de Paul Delaroche, le Philippe V et le portrait de Ducis par Gérard. Au centre du groupe des personnalités, le roi remet le cordon de Saint-Michel à un homme qui s’incline, c’est le sculpteur Pierre Cartellier (1757-1831). Les artistes du « grand genre » (peinture d’histoire et statuaire) pouvaient être récompensés par le cordon de Saint-Michel. Cette marque de reconnaissance la plus haute, abolie en 1789, avait été rétablie par Louis XVIII en 1816. Le peintre Carle Vernet (1758-1836) vient de recevoir la même décoration. Parmi les hommes illustres qui se tiennent près de Charles X, on peut citer le vicomte Sosthène de La Rochefoucauld, chargé du département des Beaux-Arts, et le comte de Forbin, directeur des Musées. A gauche, la statue de Charles X par Jean-Pierre Cortot. Dans le public, une centaine d’artistes sont représentés, notamment Ingres, Isabey père et fils, Horace Vernet, Gros, Gérard, Bosio, Boilly, Ducis, Drolling, Elisabeth Vigée-Lebrun ainsi que les compositeurs Boëldieu, Rossini, Cherubini… […] » (Source : Article de Nathalie de La Perrière-Alfsen, pour « L’Histoire par l’image » en mars 2016.
Lors de ce Salon, Ingres y présenta son tableau intitulé « Le Vœu de Louis XIII » (toile verticale que l’on peut voir au centre de la composition). Cette œuvre rencontra un vif succès au Salon de 1824, et plus tard la critique fit d'Ingres le principal représentant de l'école classique opposée au romantisme, représenté lors de ce salon par les « Massacres de Scio » d’Eugène Delacroix. Elle marque le grand retour d'Ingres sur la scène artistique parisienne, après des années d'expatriation à Rome, sa dévotion envers Raphaël qui influence son œuvre et l'abandon de ses audaces stylistiques considérées comme outrancières et bizarres par la critique; cela lui valut notamment d'être récompensé de la Légion d'honneur par le roi Charles X.