Trois photographies de mode réalisées pour le Daily Telegraph Magazine (6 sept. 1968), prises dans la maison-atelier de Dalí, à Port Lligart, en Catalogne.
Trois photographies de mode réalisées pour le Daily Telegraph Magazine (6 sept. 1968), prises dans la maison-atelier de Dalí, à Port Lligart, en Catalogne.
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Salvador DALÍ (Figueras 1904 † 1989 id.) et Jean CLEMMER (Neuchâtel 1926 † 2001)

Trois photographies de mode réalisées pour le Daily Telegraph Magazine (6 sept. 1968), prises dans la maison-atelier de Dalí, à Port Lligart, en Catalogne.

Description de l'oeuvre

Salvador DALÍ (Figueras 1904 † 1989 id.) et Jean CLEMMER (Neuchâtel 1926 † 2001)
Trois photographies de mode réalisées pour le Daily Telegraph Magazine (6 sept. 1968), prises dans la maison-atelier de Dalí, à Port Lligart, en Catalogne.

Les montres molles. 1968.

Portrait de Salvador Dalí et Amanda Lear pour la couverture du magazine britannique. Photographie en couleurs, contrecollée sur carton léger. Tirage argentique d'époque, titré à la plume au verso. Signé au recto et retouché à la gouache par Salvador Dalí : l’artiste a peint une fourmi et, s'échappant d'une rame tenue dans son bras droit, une montre molle - citation d'un de ses plus célèbres tableaux. 368 x 278 mm Très légère insolation. Coins légèrement frottés. Restes de montage au verso.

Chrisalide [sic]. 1968.

Photographie en couleurs, contrecollée sur carton léger. Tirage argentique d'époque, titré à la plume au verso. Retouché à la gouache par Salvador Dalí : ajout de motifs peints en trompe-l’œil, inspirés de la veste courte portée par le modèle. 369 x 291 mm Très légère insolation. Petites usures aux coins. Restes de montage au verso.

Danza del Fuego. 1968.

Photographie en couleurs, contrecollée sur carton léger. Tirage argentique d'époque, titré à la plume et au crayon au verso. Retouché à la gouache par Salvador Dalí : ajout d’un diable et de fumerolles à l'arrière-plan. 273 x 358 mm Très légère insolation. Petites usures aux coins. Restes de montage au verso.

Provenance des trois photographies : Galerie Michèle Broutta, Paris.

 

Au cours des années 1940, Salvador Dalí devient une véritable icône de la culture populaire. La star du surréalisme, dont les premières interventions dans la presse remontent à 1919, cultive une image d’exubérance hautement photogénique et télégénique. Les médias raffolent du peintre, qui se prête aux interviews, caméras et séances de pose, avec un art consommé de la théâtralité. Promoteur de son œuvre comme de sa personne, Dalí ne s’est jamais caché de cette relation passionnelle : « S’il est vrai que j’aime la publicité, pour mille et une raisons, toutes respectables, il est un fait indéniable que la publicité m’aime d’une passion encore plus violente [1] », écrit-t-il vers 1945. A partir du milieu des années 1930, et surtout des années 1950, la figure de Dalí, regard exalté et moustache en croc, fait régulièrement les couvertures de la presse internationale (The Time ; Photo Monde ; Revista ; Mundo Hispanico ; The Studio ; Gentlemen’s Quaterly ; La Vanguardia ; De Spiegel ; Les Nouvelles Littéraires, etc.). L’artiste livre par ailleurs de nombreux articles, illustrations et publicités pour des magazines d’art et de mode, à l’instar de Vogue, Vanity Fair, ou du Daily Telegraph Magazine.

Nos trois photographies sont issues d'une série commandée en 1968 par le Daily Telegraph Magazine, dans le cadre d’un article consacré à la mode espagnole. A cette occasion, le peintre fait appel aux talents du photographe suisse Jean Clemmer, rencontré en 1962, et avec lequel il a déjà travaillé. Orchestrées par Dalí, les prises de vues sont réalisées dans sa maison-atelier, à Port Lligart, face à la mer : un écrin à l’architecture unique, conçue par l’artiste.

Dalí pose en compagnie de plusieurs modèles, dont sa muse et amie Amanda Lear. Ils sont vêtus par les plus grands couturiers espagnols de l’époque : Paco Rabanne, Elio Berhanyer, Pedro Rovira, Carmen Mir et Manuel Pertergaz. Les séances de travail donnent lieu à des mises en scènes parfois spectaculaires : pour la Danza del Fuego, l’artiste demande aux habitants d’enflammer les eaux de la baie de Port Lligat.

Aux prises de vues proprement dites, succède un patient travail de peinture, préparé en amont par des esquisses exécutées par Dalí sur des clichés agrandis. L'artiste rehausse les épreuves de motifs surréalistes puisés dans son propre répertoire : sur la photographie destinée à la couverture du magazine, où il pose aux côtés d’Amanda Lear, il peint ainsi une montre molle, clin d’œil à l’une de ses plus célèbres toiles, La Persistance de la mémoire (1931). Ces menus détails sont exécutés d’une main précieuse et raffinée, coutumière à l’artiste, qui se munit pour l’occasion d’une loupe de bijoutier et d’un « pinceau à un seul poil ». Le travail est réalisé à la gouache naturelle, une peinture aux couleurs opaques broyées à l'eau et épaissies à l’aide de gomme arabique et de miel.

Ces photographies sont uniques dans la carrière du peintre espagnol, ainsi qu’il l’explique dans les colonnes du Daily Telegraph Magazine : « J’ai trouvé ce travail très inspirant…formidable », « cependant, je ne ferai jamais plus quelque chose de semblable. Je ne crois pas à la répétition ».

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CAT 36 n°28